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Télécom... mon amour.

Télécom... mon amour

Je vous remercie de vous intéresser au sort des salariés de France Télécom. J'ai, moi-même, dû arrêter ma "carrière", en 1995, choisissant, contrairement à un certain nombre de collègues, peut-être moins bien équipés que moi, de survivre.

J'ai été élevé par la fille d'un magistrat, franc-maçon, peut-être compromis dans l'affaire Stavisky, finalement suicidé. Mon père était ingénieur. Le sien : préparateur en pharmacie.

J'avais 14 ans, en 68. Nous habitions dans les Yvelines. Mes parents ne me laissaient, naturellement pas, aller à Paris. Cela peut se comprendre, étant donné mon jeune âge, et la dangerosité, réelle, de la situation. Tous les soirs, j'admirais, avec beaucoup d'excitation et d'émotion, à la télévision, la nuit parisienne, constellée d'éclairs.

Quelques années plus tard, mon père étant mort, violemment et prématurément, dans l'intervalle, nous nous étions déplacés, vers Grenoble, patrie de ma mère, des noix, et de la ganterie. Me promenant, un jour, dans le centre, où nous habitions, je tombe, soudain, sur une belle et grande affiche noire, placardée, sur les murs du quartier.

Cette affiche, titrée La grégaire Solitude, comprenait du texte, d'une part, je ne me souviens plus du texte, et des images, d'autre part, dont un portrait d'Arthur Rimbaud, en médaillon; ainsi qu'une adresse de contact. L'adresse notée, j'écris aux auteurs de l'affiche, curieux, intéressé, amusé, et intrigué.

Nous avons sympathisé, et nous nous sommes fréquentés. Michel, de dix ans mon aîné, me suggéra de lire le Traité de savoir-vivre. Quelques années, plus tard, j'acquérais le Véridique Rapport.

Cette citation : "Non esiste, oggi, che un pericolo nel mondo, dal punto di vista della difesa della nostra società: ed è che i lavoratori arrivino a parlarsi della loro condizione e delle loro ispirazioni senza intermediari", de Gianfranco Sanguinetti, correspond, assez justement, à ma vision des choses.

Déjà, du vivant de mon père, gaulliste soft, je ne goûtais guère la pratique vaticane. Mais, il ne me laissait pas le choix. "J’étais anarchiste, avant de savoir ce qu’était l’anarchisme", comme l'écrivit Erich Mühsam (Berlin, Bundesrepublik Deutschland 1878 - 1934 Oranienburg, Brandenburg).

"Il n'existe aujourd'hui qu'un péril au monde, du point de vue de la défense de notre société, et c'est que les travailleurs parviennent à se parler de leur condition et de leurs aspirations sans intermédiaires.", Gianfranco Sanguinetti, né le 16 juillet 1948, à Pully (canton de Vaud, Suisse), vigneron, ancien membre de la section italienne de l'Internationale situationniste, in Véridique rapport sur les dernières chances de sauver le capitalisme en Italie, 1976.

Le baccalauréat de mathématiques en poche, livré à moi-même, après avoir traîné en sciences éco, et en droit, et arrêté, à chaque fois, après les partiels de janvier, n'osant plus me présenter sur le campus, me sentant coupable de m'être exprimé de manière, quelque peu, trop créative, le service effectué, et terminé, lui, aussi, prématurément, et avec l'idée de "me faire des couilles en or, aux frais des bourgeois", après un petit mois de chômage grenoblois, le permis de conduire en poche, je commence une formation d'"Installateur thermique et sanitaire", avec l'Afpa, à Laval, déjà, peut-être, un tropisme, triste tropisme ? vers l'Occupation, préfecture bourgeoise de la Mayenne, patrie d'Henri Rousseau (1844 Laval - 1910 Paris), artiste majeur de l'art naïf, accueillant une petite antenne de l’Université du Mans.

Quelques mois plus tard, comprenant, finalement, que Perrocheau, notre formateur, bon français moyen, nous étions, nous, les aspirants, presque tous, des étudiants échoués, plus ou moins vaguement post-soixante-huitards, nous préparait, trop à mon goût vraisemblablement, à nettoyer nos outils, à la fin de chaque séance, plutôt qu'à rouler en Porsche, j'avais, néanmoins, entretemps, acquis un cabriolet, français certes, un camarade roulant en Camara, un gros coupé américain, je pénètre dans le bureau de poste local, une affiche y annonçant un concours d'Agent d'exploitation du service des lignes.

Arrivé dans la botte, comme on le dit dans les meilleures écoles, le concours étant, de manière expérimentale, régional, après une courte formation de deux semaines, à Nantes, je récupère l'unique place disponible au central de Laval.

Agent d'exploitation est le plus haut grade d'ouvrier, l'administration en ayant créé une myriade d'autres, "en dessous", histoire de faire poireauter le populo moins diplômé. Quelques mois plus tard, je réussis le concours de conducteur de travaux, dans d'aussi bonnes conditions. Concours national, normalement. Formation, d'un an, à Montreuil, nord-est de Parigi.

Finalement, je commence ma carrière à Arcueil, à la direction Paris-sud, comme surveillant de chantier, c'est-à-dire : superviseur de chantier de génie civil. Au Panthéon, par exemple. Le service réduisant, finalement, ses effectifs, les plus récemment arrivés, dont moi, sont remerciés : je me retrouve au service des rééquipements d'immeubles, adjoint de René Charruyer. Déjà, à l'époque, j'avais des problèmes, avec la hiérarchie : l'inspecteur principal ne me serrait plus la louche...

Quelques années plus tard, envie de changer d'air, je suis accueilli, par le chef Poyau, et son adjoint Mollard, au Centre de construction et d'entretien des ministères, rue de Grenelle. J'y ai été en charge, entre autres, du ministère des Dom-Tom, et du Sénat; de la Grande Chancellerie de la Légion d'honneur, etc.

Et puis, modernisation du capitalisme oblige : France Télécom engage une gigantesque réforme. Catastrophe...

Date de dernière mise à jour : 09/02/2024