Le palais Barlow, construit, en 1828, par Jean-Baptiste Métivier, était situé 34 Brienner Straße, à Munich. Ce grand édifice de pierre, décrit, par l'historien Ian Kershaw, comme « pompeux et de mauvais goût » étant devenu le QG du Partei, il fut lourdement endommagé, en octobre 1943, et, presque totalement, détruit, plus tard, par les bombardements de l’aviation alliée.
Reinhard Heydrich (1904 Halle, Sachsen - 1942 Praha, protectorat de Bohême-Moravie), « La Bête blonde », « le Boucher de Prague », est une personnalité nazie, bras droit de Heinrich Himmler, architecte de la « solution finale ». Ses parents le prénomme Reinhard, en référence au nom du héros de l'opéra Amen, composé par son père. Au moment de sa mort, il est, à la fois : directeur du Reichssicherheitshauptamt et « vice-gouverneur » du Reich, en Bohême-Moravie.
En 1914, Ernst Marlier (1875-1948), fabricant de préparations pharmaceutiques, acquiert plusieurs terrains, d'une superficie totale de 30 578 mètres carrés, sur la Große Seestrasse, auprès de l'Office forestier de Potsdam, et de l'Administration royale prussienne des travaux hydrauliques, pour un montant total de 507 337 marks. En 1914-15, l'architecte berlinois Paul Baumgarten construit, pour Marlier, sur ce terrain, un magnifique hôtel particulier.
La fin de la Première Guerre mondiale, conséquence de la capitulation de l'Allemagne, le 11 novembre 1918, appauvrit les Heydrich, et des millions d'autres Allemands, et donne naissance à la légende du "coup de poignard dans le dos", selon laquelle les communistes et les Juifs auraient trahi une armée allemande invaincue.
Le 24 février 1920, Adolf Hitler baptise le Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei, le Parti national-socialiste des travailleurs allemands, NSDAP, et le dote d'un programme politique en 25 points. Antisémitisme, anti-démocratisme, antimarxisme, constitution d’une grande Allemagne, et abrogation du traité de Versailles, en sont les maîtres-mots.
L'Institut pharmaceutique de Berlin découvrit que les médicaments de Marlier ne contenaient rien. Marlier ne put conserver sa villa de Wannsee. En 1921, il la vendit, à l'industriel Friedrich Minoux, pour 2 300 000 Reichsmarks.
Friedrich Minoux (1877-1945), industriel et financier allemand, acheta la société juive Oppenheimer Cellulose and Paper Works, pour une bouchée de pain. Dès 1923, Minoux finança le NSDAP. Depuis sa cellule, Minoux vendit la maison Wannsee, à la Stiftung Nordhav, une fondation contrôlée par Reinhard Heydrich.
Fritz Thyssen (1873 – Buenos Aires, 1951) est un industriel allemand fils, et héritier, du sidérurgiste August Thyssen. Il s'associe très tôt au parti nazi d'Adolf Hitler, dont il est l'un des plus généreux donateurs. Dès 1923, il le finance, par l'intermédiaire de la Bank voor Handel en Scheepvaart. Bien que favorable à la politique anticommuniste des nazis, il n'adhère pas à leur antisémitisme.
Antony Cyril Sutton (1925-2002) est un essayiste américain, d'origine britannique. Économiste, figure du conspirationnisme américain, il dénonce le rôle secret des puissances financières. Des banques de Wall Street, et de grandes entreprises nord-américaines, auraient soutenu l’ascension de Hitler, en finançant l’Allemagne nazie, et en faisant des affaires avec elle. Sutton affirme que la catastrophe de 1939-45 bénéficia, surtout, à un groupe, privilégié, d’initiés financiers.
En 1925, afin de disposer d'une unité disciplinée et, totalement, dévouée, Adolf Hitler fonde la Schutzstaffel, « escadron de protection », qui constitue sa garde rapprochée. Heinrich Himmler va tenir une place de premier choix, au sein de la nouvelle organisation.
Le 24 octobre 1929, 13 millions d’actions sont offertes à la vente. Il n’y pas suffisamment d’acheteurs. Les cours s’effondrent. Le 28 octobre, la situation se dégrade. C’est pire le lendemain, où 16 millions de titres sont vendus, à n’importe quel prix.
Le renversement de la conjoncture financière, qui frappe, de plein fouet, la bourse de New York, touche l’Europe, et plonge, de nouveau, la République de Weimar, dans le chaos. Le retrait des capitaux étrangers provoque la faillite de nombreuses banques, et le chômage touche, bientôt, un tiers de la population active.
Dès le début des années 1930, les adhésions au Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei explosent, quintuplant, en l’espace d’une année. Après la victoire électorale de septembre 1930, ce sont 25 000 nouveaux adhérents qui, chaque mois, se bousculent, pour rejoindre les cohortes brunes.
Le palais Barlow devint, entre 1930 et 1945, le quartier général du Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei. Hitler l’achète, 805 000 marks. Les travaux d'aménagement coutèrent, presque, un million de marks. L'achat fut financé par une contribution exceptionnelle des membres du parti. Pour faciliter cet achat, Fritz Thyssen effectua un don de 300 000 marks.
Heydrich entre dans la marine, comme officier. Probablement, pour avoir séduit la fille d'un ami de l'amiral Roeder, le ministre de la Marine, en 1931, il en est, brutalement, évincé, pour mauvaise conduite.
Heydrich adhère au Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei. Himmler lui confie la création du service de renseignements du parti nazi, le Sicherheitsdienst.
Le 31 janvier 1931, est fondé le Wirtschaftspolitische Abteilung der NSDAP, « département de politique économique du Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei », où l’on retrouvera, à la fois, le directeur général de la Deutsche Bank, Emil Georg von Stauß, et le théoricien nazi de l’usure, Gottfried Feder.
Cette structure publie, jusqu'en octobre 1931, un « service de presse de politique économique », destiné à 60 grands industriels, dont Fritz Thyssen, Gustav Krupp von Bohlen und Halbach, Peter Klöckner ou, encore, le responsable de la sinistre IG Farben, également, chef de l’association nationale des industriels, de 1925 à 1931, Carl Duisberg.
Aux septièmes élections législatives fédérales, de la république de Weimar, du 31 juillet 1932, le nombre de sièges, à pourvoir, au Reichstag, est passé de 577, en 1930, à 608.
Le Parti national-socialiste des travailleurs allemands confirme sa percée des élections précédentes, et devient, pour la première fois, le premier parti allemand, avec 37,3 % des suffrages (+ 19 points), passant de 107 à 230 sièges.
Le 6 novembre 1932, les huitièmes élections fédérales de la république de Weimar se déroulent, en Allemagne. Le Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei reste, avec une légère baisse, par rapport au scrutin précédent, le premier parti allemand.
Kurt von Schleicher (1882 Brandenburg an der Havel, Brandenburg- 1934 Neubabelsberg) sert, pendant la Première Guerre mondiale, à l'état-major du général Wilhelm Groener. Entré en politique, ministre de la défense, il est désigné chancelier, par le maréchal Hindenburg. Il forme un gouvernement, soutenu par Hitler. L'aventure durera deux mois.
Le 23 novembre 1932, le juriste et philosophe catholique Carl Schmitt qui, dès 1933, s'engagera, dans le parti nazi, prononce, devant le patronat allemand, un discours, consacré à l’« État fort et l’économie saine ». Se prévalant d'un « état d’urgence économique », Schmitt préconise une nouvelle approche de l’État, rompant avec le libéralisme classique, et muselant les contestations.
Kurt von Schleicher ne réussit pas à assurer son influence, et voit poindre la menace d'une motion de censure, lors de la nouvelle session parlementaire. Fin janvier, à la suite de multiples intrigues, Franz von Papen convainc le président Paul von Hindenburg de nommer un gouvernement de coalition, avec Adolf Hitler, à sa tête.
Le 30 janvier 1933, Adolf Hitler, fondateur, et figure centrale, du national-socialisme, est appelé, par le président de la République, Paul von Hindenburg, à la Chancellerie. Hitler forme le nouveau gouvernement allemand.
Les nazis vont exploiter une Allemagne défaite, plongée dans une crise totale, en réinvestissant la brutalité sociale, et le sombre héritage des vieilles traditions réactionnaires du pays. Hitler établira une dictature totalitaire, impérialiste, antisémite, raciste, et xénophobe, le Troisième Reich.
Selon Hitler, le Troisième Reich devait durer « mille ans ». Il a duré douze années, assassiné des dizaines de millions de personnes, et induit la destruction d'une grande partie des villes, et des infrastructures, en Europe.
Les neuvièmes élections fédérales allemandes ont lieu le 5 mars 1933. C'est un nouveau succès, pour le parti nazi. Le président du Reich, le maréchal Paul von Hindenburg, reçoit son dirigeant, le chancelier du Reich, Adolf Hitler, le cabinet, et les députés du parlement.
À cette date, sept semaines se sont écoulées, depuis la désignation de Hitler, à la fonction de chancelier, par Hindenburg. Le gouvernement décide de solenniser le début de la nouvelle législature, pour attirer l'attention de l'opinion publique, notamment des cercles conservateurs et monarchiques, sur la succession, continue et fidèle, de toutes les traditions du Reich allemand.
En 1933, l’association nationale des industriels fera une grande donation financière, à Adolf Hitler, instaurant le soutien officiel au régime, incluant le salut hitlérien, dans ses rangs.
Quitte à renoncer, en partie, à leur liberté d'action, après 1933, industriels et financiers s'accommodèrent du régime, pour en tirer un profit maximum. Dès 1937, des tensions apparaissent. A partir de 1943, anticipant la fin du règne, les grandes entreprises allemandes adoptent des stratégies de survie.
Hitler exige, à la fin du mois de mai 1938, de capturer « les Juifs asociaux et criminels », sur tout le territoire du Reich, afin d’effectuer d’importants travaux de terrassement. Heydrich décida, alors, d’exécuter cette instruction, en lançant la vaste rafle, qu’il était en train de préparer.
Après la nuit de Cristal, Fritz Thyssen quitte l'Allemagne. À la dénazification, il reconnaît son implication dans la montée du nazisme, et verse une indemnité aux victimes de la guerre.
On appelle Reichskristallnacht, Nuit de cristal, le tentaculaire pogrom antisémite qui embrasa, pendant la nuit du 9 au 10 novembre 1938, et la journée qui suivit, la plupart des villes du Reich et, de manière encore plus dévastatrice, Berlin et Vienne, où vivaient les communautés juives les plus importantes.
Le 22 juin 1941, l’Allemagne nazie lance une attaque-surprise contre l’Union soviétique, son alliée dans la guerre contre la Pologne. Ses troupes avancent, sur des centaines de kilomètres, et jusqu’aux abords de Moscou, en quelques mois.
Le 31 juillet 1941, Heydrich est chargé, par Hermann Göring, numéro deux du Reich, de préparer une « solution d'ensemble de la question juive », un euphémisme bureaucratique pour désigner l'extermination des Juifs d'Europe.
Heydrich, à Adolf Eichmann : « Je sors de chez le reichsführer Heinrich Himmler ; le führer Adolf Hitler a maintenant ordonné l'extermination physique des Juifs. »
Heydrich laisse, dans la nuit du 2 au 3 octobre 1941, les activistes du Parti populaire français, de Jacques Doriot (Bresles, Oise 1898 - Mengen, Wurtemberg 1945), ex-PCF, collaborationniste français, dynamiter, avec des explosifs fournis par ses services, six synagogues parisiennes, afin qu'il soit clair que la France ne sera plus jamais « la citadelle européenne des Juifs », et qu'ils doivent craindre pour leur vie, partout en Europe occupée.
Le 29 novembre 1941, Heydrich invite quelques hauts responsables nazis, à une conférence, au cours de laquelle il prévoit d'exposer son plan d'organisation de l'Endlösung der Judenfrage, et de régler des détails techniques.
La conférence commence par un monologue de Heydrich. Son plan : déporter les Juifs d'Europe en Union soviétique, que l'Allemagne s'acharne à conquérir, par l'opération Barbarossa. Ils y seront soumis aux travaux forcés. Ceux qui ne mourront pas, spontanément, seront exécutés.
Le 5 mai 1942, Heydrich se rend à Paris, afin d’installer le général Karl Oberg, comme chef de la schutzstaffel et de la police, en France. Et pour lancer la préparation des déportations massives.
René Bousquet rencontre Heydrich, le 6 mai 1942. Il engage, à partir de juin, une négociation, sur les questions de police, avec le général Carl Oberg, chef supérieur de la schutzstaffel et de la police, en zone occupée.
"Un jour, je fus convoqué chez der Chef, Reinhard Heydrich. C'était la première fois et l'excitation se mêlait à l'angoisse lorsque j'entrai dans son bureau. Rigidement concentré, il travaillait sur une pile de rapports, et je restai plusieurs minutes au garde-à-vous avant qu'il ne me fasse signe de m'asseoir."
Ayant, assez imprudemment, choisi d’être peu protégé, malgré son rang, vice-gouverneur du protectorat de Bohême-Moravie, directeur de l'Office central de la sécurité du Reich, et chargé de l'organisation de la mise en œuvre de la Solution finale, Heydrich tombe, le 27 mai 1942, dans une embuscade, organisée par la résistance tchécoslovaque et le Special Operations Executive britannique.
Légèrement atteint, par l'explosion de la bombe, il se remet progressivement mais, son état s'étant, subitement, dégradé, à cause d’une surinfection, inattendue, de ses blessures, il meurt, finalement, une semaine plus tard, le 4 juin 1942, à l’hôpital Na Bulovce, à Prague.
"Cette vie est un hôpital où chaque malade est possédé du désir de changer de lit. Celui-ci voudrait souffrir en face du poêle, et celui-là croit qu’il guérirait à côté de la fenêtre", Charles Baudelaire (1821 Paris - 1867), in N’importe où hors du monde.
La disparition de Heydrich prive le régime hitlérien d'un dirigeant particulièrement efficace et compétent. En effet, homme très déterminé, il était, depuis 1931, un maillon essentiel de la terreur nazie. Hitler, en connoisseur, le surnommait : « l’homme au cœur de fer ».
"Ton bras est invaincu, mais non pas invincible", Pierre Corneille (1606 Rouen - 1684 Paris), dramaturge et poète, in Le Cid (1636).
On appellera Aktion Reinhard l'entreprise d'extermination systématique des Juifs, des Roms, et des Sintés du « Gouvernement général de Pologne ». Environ 1 600 000 Juifs, et près de 50 000 Roms, ont été exterminés, dans le cadre de cette sinistrissime entreprise, dans les centres de Bełżec, Sobibór, et Treblinka, entre mars 1942 et octobre 1943.