Voltaire

Œdipe, Candide, Zadig, les Lettres

Œdipe, Candide, Zadig, les Lettres philosophiques, le Traité sur la Tolérance... tous ces titres sont ceux d’œuvres de François Marie Arouet (1694 Paris - 1778), dit Voltaire.

L'épicurisme est un courant philosophique ayant pour objectif principal l'atteinte du bonheur, par la satisfaction des seuls désirs « naturels et nécessaires ». C'est une doctrine matérialiste qui peut être qualifiée d'hédonisme raisonné ou d'eudémonisme. L'épicurisme est issu de l'école du Jardin fondée, à Athènes, par Épicure, en 306 avant. Son héritage a été revendiqué par des penseurs proches des libertins, et des matérialistes : des Lumières (Diderot), ou modernes (Marx).

L'Église catholique romaine est une institution et un clergé rassemblant les chrétiens en communion avec le pape. Grande Église d'un milliard de baptisés, elle a joué un rôle fondamental au cours de l'histoire bimillénaire, en particulier dans le monde occidental.

« Un homme qui reçoit sa religion sans examen ne diffère pas d'un bœuf qu'on attelle. ».

Michel Eyquem de Montaigne (1533-1592) est un philosophe, humaniste, moraliste, et un écrivain érudit. Éduqué par son père, dans la ferveur humaniste et polyglotte, il se mue en étudiant batailleur et aventureux, menant une vie itinérante, parfois dissolue.

La Compagnie de Jésus est un ordre religieux, catholique, fondé en 1540, par Ignace de Loyola. Elle est nombreuse de près de 17000 membres, présents dans le monde entier. On craint leur caractère intrigant et leur inquiétante proximité avec les puissants.

René Descartes (1596-1650) est un mathématicien, physicien et philosophe, considéré comme l’un des fondateurs de la philosophie moderne. Il reste célèbre pour avoir exprimé, dans son Discours de la méthode, le cogito : « ego cogito, ergo sum ».

Anne « Ninon » de l'Enclos (1620-1705) est une courtisane, épistolière, et femme de lettres et d'esprit. Fille d’un libertin et d'une bigote, enfant prodige, elle cite Montaigne et les grands classiques. Influencée par les idées épicuriennes, elle est versée en sciences.

La Compagnie du Sacrement est une société secrète catholique fondée en 1630, par Henri de Lévis, duc de Ventadour, et dissoute, en 1666, par Louis XIV. Elle est composée de notables, membres du clergé, ou dévots laïcs, aussi est-elle appelée « Parti des dévots ».

Baruch Spinoza (1632 -1677) est un philosophe qui occupe une place importante dans l'histoire de la philosophie. Sa pensée appartient au courant des modernes rationalistes, ayant eu une influence considérable sur ses contemporains et nombre de penseurs ultérieurs.

François Poullain de La Barre (1647-1723) adopte la philosophie de Descartes. Convaincu de l’injustice faite aux femmes, il fait paraître, en 1673, De l’égalité des deux sexes, discours physique et moral où l’on voit l’importance de se défaire des préjugez.

La Fronde est une époque pleine de bruit et de fureur, fertile en exploits héroïques, accomplis, parfois, par des femmes, dont on retient souvent des épisodes comme les barricades de Paris (août 1648), ou la bataille du faubourg Antoine (juillet 1652).

François de Castagnères (1650-1703), abbé de Châteauneuf, est un littérateur, diplomate et homme d'esprit, à qui l'on doit d'intéressantes études sur la musique des anciens, mais qui est, surtout, connu pour avoir été l'ami de Ninon de Lenclos, et le parrain de Voltaire.

John Toland (1670-1722) est un philosophe, première personne à être qualifiée de freethinker (libre-penseur), par George Berkeley. Il écrivit plus d'une centaine d'ouvrages dont le plus connu est le Christianisme sans mystères (Christianity not Mysterious), publié en 1696.

George Berkeley (1685-1753) est un philosophe empiriste, après John Locke, et avant David Hume. Son principal apport à la philosophie fut la défense de l'immatérialisme, résumé par la formule "esse est percipi aut percipere", « être c'est être perçu ou percevoir ».

Libertin se disait, au XVIIe siècle, de quelqu'un qui manifestait son indépendance d'esprit par rapport aux enseignements du christianisme, et qui refusait toute soumission à l'Église.

Raconter la vie de Voltaire, et entrer dans les détails de son œuvre, serait entreprendre de faire l'histoire du XVIIIe siècle, tout entier. On se bornera aux traits essentiels de cette existence si agitée, et de cette action si multiple.

Le jeune François, fils d'un notaire, fait d'excellentes & brillantes études classiques, au collège jésuite Louis-le-Grand, à Paris. Lenclos a 85 ans et rangé ses dentelles, quand elle se fait présenter François, âgé de 11 ans. Séduite par son esprit truculent, elle lui lègue 2 000 livres.

Castagnères, plus porté aux galipettes qu'aux sermons dominicaux, fait découvrir à François les salons philosophiques et libertins, à 14 ans. C’est là que François se convainc qu’il est né pour être un grand seigneur libertin, et qu’il n’a rien à voir avec sa gueuse famille.

François abandonne, finalement, ses études de droit, pour s’adonner au libertinage et à l'écriture, mettant à profit son style littéraire, et son insurpassable talent de persifleur.

Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) est un écrivain, philosophe et musicien genevois. Sa vie est marquée par l'errance. Ses livres et lettres lui valent des conflits avec l'Église catholique et la République de Genève, qui l'obligent à changer, souvent, de résidence.

Frédéric II de Prusse (1712-1786) agrandit ses États aux dépens de l'Autriche et de la Pologne. Il fait entrer son pays dans le cercle des grandes puissances européennes. Ami de Voltaire, il est l'un des principaux représentants du courant du « despotisme éclairé ».

Denis Diderot (1713-1784) est un écrivain, philosophe et encyclopédiste des Lumières, romancier, dramaturge, conteur, essayiste, dialoguiste, critique d'art, critique littéraire et traducteur, reconnu pour son érudition, son esprit critique et un certain génie.

Philippe II d’Orléans, régent de Louis XV, mène une vie située aux antipodes de celle de son prédécesseur, Louis XIV, devenu, à la fin de sa vie, franchement bigot.

Le jeune Arouet, emporté par le tourbillons des salons, écrit plusieurs épigrammes cinglantes, accusatrices, et injurieuses, sur les mœurs du Régent. Une d'elles, moquant ses supposées amours incestueuses avec sa fille Élisabeth, lui vaut un premier séjour, à la Bastille, en 1717.

Le 16 mai 1717, Philippe II d’Orléans signe une lettre de cachet, au nom de François-Marie Arouet, pour outrage : à 23 ans, François-Marie se retrouve entre les murs de la Bastille.

Jeanne-Antoinette Poisson (1721-1764), marquise de Pompadour, est une maîtresse du roi Louis XV. Introduite à la cour, elle est remarquée par le roi Louis XV et devient sa maîtresse, pendant six ans. Louis XV lui fait construire le Petit Trianon, ainsi que le château de Bellevue.

Quelques années plus tard, les Rohan-Chabot, convaincus que Voltaire cherche à leur nuire, obtiennent, contre lui, un mandat d’arrêt à titre préventif. Voltaire est réembastillé le 17 avril 1726. Il y reste 2 semaines, et ne retrouve la liberté qu’à condition de s'exiler.

Les Lettres philosophiques, ou Lettres anglaises, sont publiées en avril 1734. Il s'agit de vingt-cinq lettres, qui abordent des sujets assez variés : la religion, les sciences, les arts, la politique, ou la philosophie.

Peut-on avoir un enfant en prison ? Cette question est posée, avec entêtement, par une prisonnière, bientôt quadragénaire, de Fresnes, amoureuse d'un homme incarcéré dans une prison espagnole.

Sans doute admiratif du malandrin, le Régent finit par ordonner sa libération. Arouet aura, alors, ce mot : « Monseigneur, je trouverais très doux que Sa Majesté daignât se charger de ma nourriture, mais je supplie Votre Altesse de ne plus se charger de mon logement. »

Voltaire séjourne, trois ans, en Angleterre, et en revient avec les Lettres philosophiques, où il fait l'apologie du système politique anglais, pour mieux souligner les faiblesses de la monarchie française.

Prudemment, Voltaire se retire au château de Cirey, en Lorraine, chez sa maîtresse, Émilie du Châtelet, une femme d'exception, pour laquelle il fait exception à sa misogynie.

Homme du monde, il jouit d'une grande fortune, acquise par ses œuvres littéraires (en particulier ses contes grivois, comme Zadig, qu'il qualifie, lui-même, de coÿonnades), et des spéculations heureuses.

Grâce au soutien de la marquise de Pompadour, Voltaire obtient d'être rappelé à Versailles, où il est nommé historiographe du roi Louis XV. Il entre à l'Académie française, le 2 mai 1746, et devient l'homme le plus en vue d'Europe : on le surnomme le « roi Voltaire ».

Voltaire commence, cependant, à pâtir de la concurrence d'une nouvelle génération de « philosophes ». Aussi se rend-il, l'année suivante, en Prusse, à l'invitation du roi Frédéric II.

Voltaire s'installe, en 1755, à Ferney, à deux pas de la frontière, avec sa nièce, sa maîtresse. Il reçoit tous les grands esprits d'Europe... et d'Amérique. C'est à Ferney qu'il reçoit la veuve de Jean Calas, un protestant, injustement condamné à mort.

Le Traité sur la tolérance est publié en 1763. Ce texte vise la réhabilitation de Jean Calas, un protestant, faussement accusé et exécuté, pour avoir assassiné son fils, afin d'éviter que ce dernier ne se convertisse au catholicisme.

S'étant, jusque-là, désintéressé des erreurs de la Justice, Voltaire voit, à 68 ans, dans l'affaire Calas, une occasion d'attaquer l'Église. Usant de sa plume, et de ses relations, il va obtenir la réhabilitation de Jean Calas.

Voltaire ne s’est pas réveillé, tout à coup, défenseur des victimes de l’intolérance. Entre la prudence, voire la réticence, qu’il manifeste dans l’affaire Rochette, sa première intervention dans ce registre, et les affaires Calas, et Sirven, s’opère une longue maturation.

L’affaire Sirven est une affaire judiciaire qui s’est déroulée à Mazamet, en 1760, au moment de la célèbre affaire Calas. Voltaire s’est impliqué dans ce fait divers, qui témoignait de l’intolérance religieuse sous l’Ancien Régime.

Sa réputation de « philosophe », et de pourfendeur de l'injustice et de l'arbitraire, vaut à Voltaire, de son vivant même, une quasi-apothéose. La population parisienne lui fait un triomphe, lors de son retour à Paris, le 30 mars 1778, quatre mois avant sa mort.

Né catholique, et contraint de se reconnaître tel, sous peine de privation de sépulture, Voltaire a une vaste culture religieuse, nourrie de sa lecture critique de la Bible.

On rappela Tronchin qui le soignait depuis longtemps. Il constata le désastre, calma le malade, qui se sentait l'estomac paralysé. Tronchin ne fit pratiquement rien, il l'abandonna — Voltaire mourut, pour ainsi dire, seul, le 30 mai 1778. On a dit qu'il avait avalé ses excréments.

Face à une situation, politique et financière, catastrophique, Louis XVI se voit contraint de convoquer des États Généraux, une assemblée des trois ordres. L'ouverture des États Généraux, le 5 mai 1789, à Versailles, est considéré comme le début de la Révolution française.

Le 11 juillet 1791, la dépouille de Voltaire est transportée, en grande pompe, à l'église Geneviève, transformée en nécropole, sous le nom de Panthéon.

"Au gibet noir, manchot aimable,
Dansent, dansent les paladins,
Les maigres paladins du diable,
Les squelettes de Saladins."
Arthur Rimbaud, Poésies, 1870.

Cette signature permet le retour de la dépouille de Pie VI, à Rome. Pie VI y a, alors, droit à des funérailles, conduites par son successeur, Pie VII, en grandes pompes, dans la basilique Pierre de Rome, le 10 février 1802.

Karl Liebknecht (1871-1919) est un homme politique socialiste et communiste allemand. Son livre, Militarisme et anti-militarisme, lui vaut un procès, et une peine de prison de 18 mois, durant laquelle il est élu député au Reichstag.

Voltaire est une icône, une gloire de la France, une idole du peuple, une référence fondatrice de la Révolution française, et de l'esprit républicain. La grandeur de Voltaire est réelle, son courage n'est pas une fable. Il ne repose pas au Panthéon par hasard, ni par erreur.

Mais, Voltaire a une autre face, déconcertante, antipathique, voire abjecte, qui ne se cache pas dans des opuscules inconnus. Apôtre de la tolérance, le prince des Lumières a sa part d'ombre : il est misogyne, homophobe, antijuif, et islamophobe.

Antichrétien radical, mais surtout antisémite fanatique, Joseph Goebbels (1897-1945), Ministre de l'Information et de la Propagande nazies, est un pion essentiel du dispositif hitlérien. Sa mission est de faire passer pour désirables les actions du régime national-socialiste.

Les caractéristiques et objectifs de l'entreprise nationale-socialiste sont exposées, très visiblement, dans le texte Mein Kampf (Mon combat) rédigé, par Adolf Hitler, à partir de 1924, lorsqu'il était en prison, en Bavière, après le putsch, avorté, de la Brasserie.

Gramsci est emprisonné, par Mussolini, en 1926, jusqu'à sa mort. Il développe une théorie de l'hégémonie culturelle. Ses travaux portent aussi sur l'histoire de l'Italie, le nationalisme, les partis politiques, la littérature (Machiavel), l'époque de la Renaissance et de la Réforme.

Pendant la Guerre, en février 1942, sort, à Paris " Voltaire antijuif ", un volume, publié par Les Documents contemporains, grâce à des fonds allemands, débloqués par Goebbels, à la demande de l'auteur de cette anthologie de textes de Voltaire, le professeur Henri Labroue.

Date de dernière mise à jour : 18/02/2024