Charles Baudelaire

Si le viol, le poison, le poignard, l'incendie

"Si le viol, le poison, le poignard, l'incendie,
N'ont pas encor brodé de leurs plaisants dessins
Le canevas banal de nos piteux destins,
C'est que notre âme, hélas! n'est pas assez hardie.
"
Charles Baudelaire (1821 Paris - 1867), in Les Fleurs du mal, Au Lecteur.

Chantre de la «modernité», Baudelaire occupe une place considérable, parmi les poètes français, pour son recueil Les Fleurs du mal mais, aussi, pour sa poésie en prose. Comme le suggère le titre Les Fleurs du mal, Baudelaire a tenté de tisser des liens entre le mal et la beauté, le bonheur fugitif et l'idéal inaccessible, la violence et la volupté mais, aussi, entre le poète et son lecteur et, même, entre les artistes à travers les âges. Outre des poèmes graves ou scandaleux, il a exprimé la mélancolie, l'horreur, et l'envie d'ailleurs.

"Ma femme est morte, je suis libre !
Je puis donc boire tout mon soûl.
Lorsque je rentrais sans un sou,
Ses cris me déchiraient la fibre."
In Le Vin de l'assassin.

Au cœur des débats sur la fonction de la littérature de son époque, Baudelaire détache la poésie de la morale, la proclame tout entière destinée au Beau, et non à la Vérité, et laisse le souvenir d'un poète déchiré -entre le Ciel et la Terre, entre l'Idéal et la fange- cherchant à faire du Mal un objet de contemplation esthétique.

"A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l’azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d’eux", in L’Albatros.

Ma femme est morte, je suis libre !
Je puis donc boire tout mon soûl.
Lorsque je rentrais sans un sou,
Ses cris me déchiraient la fibre.
In Le vin de l'assassin.

L’Âme du vin, dont la première strophe est :
Un soir, l’âme du vin chantait dans les bouteilles :
« Homme, vers toi je pousse, ô cher déshérité,
Sous ma prison de verre et mes cires vermeilles,
Un chant plein de lumière et de fraternité !

Charles Baudelaire a composé une section entière des Fleurs du mal, dédiée au vin (1857). Elle regroupe cinq poèmes : « L’Âme du vin », « Le Vin des chiffonniers », « Le Vin de l’assassin », « Le Vin du solitaire », et « Le Vin des amants », qui forment la quintessence poétique d’une pensée développée, quelques années auparavant, par lui-même, dans « Du vin et du haschisch » (1851).

Date de dernière mise à jour : 25/02/2024