Nakba

La Nakba est le déplacement forcé

Le concept de Nakba, qui désigne le déplacement, forcé, de 700 à 800 000 Palestiniens, à la création de l’État d’Israël, en 1948, n’a pas été forgé par un habitant de Jaffa, ou de Haïfa, expulsé de son domicile par les paramilitaires sionistes. C’est par le fait d'un certain Constantin Zureiq, un intellectuel syrien, que ce terme est entré dans le dictionnaire politique arabe, avant de pénétrer les consciences du monde entier.

A l’été 1948, pressentant que la débâcle des armées arabes, face aux troupes du jeune État israélien, est irrémédiable, Zureiq, alors professeur à l’université américaine de Beyrouth, produit un petit essai, intitulé Ma’an Al Nakba (« la signification de la catastrophe »). Pour Zureiq, la Nakba est l’échec des armées arabes dans leur objectif d’éliminer Israël afin d’éviter la partition du territoire palestinien. Zureiq fut, notamment, le mentor de Georges Habache, un ex-étudiant palestinien en médecine, dont la famille avait été expulsée de Lydda (ville du centre d’Israël, connu aujourd’hui sous le nom de Lod), en 1948.

Cette catastrophe n’affecte pas, seulement, la Palestine, mais a, également, d'importants impacts sur l’ensemble du monde arabe. La Nakba a déstabilisé le Proche-Orient tout entier, implantant, en son cœur, un État, perçu par les Arabes comme un prolongement du colonialisme occidental. La Nakba n’a pas, seulement, bouleversé la vie de centaines de milliers de Palestiniens, expédiés dans des camps de misère, au Liban, en Syrie, en Jordanie, en Cisjordanie, et dans la bande de Gaza, elle est, aussi, un traumatisme transmis de génération en génération.

La Nakba n’est pas un événement, mais un processus. La confiscation des terres n’a, jamais, cessé. Nous vivons, toujours, dans l’ère de la Nakba.

"Combien de temps encore la Palestine pourra-t-elle être contestée en tant que peuple et en tant qu'État, combien de temps encore la Nakba, la « catastrophe » de 1948, comme la nomment les réfugiés palestiniens, devra-t-elle être ignorée ?", Stéphane Hessel, in À nous de jouer ! Appel aux indignés de cette Terre, propos recueillis par Roland Merk, traduit de l'allemand par Nathalie Huet, Éditions Autrement, 2013.

Mayar, onze ans, et Ali, huit ans, avaient acheté des bonbons, et de la nourriture, préparé leurs vêtements, et s’étaient couchés, tôt, le lundi soir. Ils étaient impatients de se réveiller, le lendemain, pour partir en voyage scolaire, dans la bande de Gaza. La famille dormait, lorsqu’un avion de chasse israélien a visé tout l’étage de leur immeuble résidentiel, dans le quartier d’al-Remal, au centre de la ville de Gaza. Ali, et Mayar ont été tués dans le bombardement qui visait leur père. Ils ne réveilleront jamais.

"Never think that war, no matter how necessary, nor how justified, is not a crime.", Ernest Miller Hemingway, écrivain, journaliste, et correspondant de guerre américain (1899-1961), in For Whom the Bell Tolls.

"Il fallait que l'on fasse quelque chose, raconter ce qui se passait une fois rentrés chez nous. Il fallait que les gens comprennent.", Yahuda Shaul, ancien soldat israélien, in "Hébron, Palestine : la fabrique de l'occupation".

Date de dernière mise à jour : 18/02/2024